Le théâtre élisabéthain a plusieurs origines. Principalement, le mystère médiéval qui faisait partie de la culture religieuse de la plupart des pays d'Europe au Moyen Âge. D'autres sources incluent les moralités médiévales qui ont évolué indépendamment des mystères et le « drame universitaire » qui tentait de se rapprocher du théâtre romain. Plus tard, au XVIIe siècle, la commedia dell'arte et le raffinement des comédies masquées fréquemment présentées à la cour ont joué un rôle important dans la formation du théâtre public.
En Angleterre, des troupes provisoires d'acteurs attachés aux maisons de gentilshommes et jouant de façon saisonnière dans divers endroits existaient avant le règne d'Élisabeth Ire. Elles furent un vivier pour les acteurs professionnels qui ont joué. Les tournées de ces troupes ont peu à peu remplacé les représentations des mystères et des moralités par les acteurs locaux. En 1572, une nouvelle loi a éliminé les troupes n'ayant pas de protecteur en les taxant de vagabondage. À la cour également, les pièces masquées, jouées par des courtisans ou d'autres amateurs, apparemment fréquentes les premières années du règne d'Élisabeth, ont été remplacées par les compagnies professionnelles pourvues de protecteurs nobles, qui se sont développées en nombre et qualité pendant son règne.
Le gouvernement local de Londres était généralement hostile aux représentations publiques, mais son hostilité était contrebalancée par le goût de la reine pour le théâtre et l'appui du Conseil privé du Royaume. Les théâtres ont pris naissance dans les banlieues, particulièrement à Southwark, accessible par la Tamise aux habitants de la ville, mais hors de la circonscription de Londres. Les compagnies prétendaient que leurs spectacles publics n'étaient que les répétitions préparatoires pour les nombreuses représentations devant la reine, mais tandis que celles-ci accordaient le prestige, celles-là étaient la vraie et nécessaire source de revenus des acteurs professionnels.

 

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Entre le XIe et le XVe siècles on passe du chœur des églises, au parvis puis à la rue. Au XIIe siècle, ces jeux dramatiques ont déjà pris une grande ampleur et il existe des spectacles en langues vernaculaires, désormais indépendants des cérémonies religieuses proprement dites[1].
L’église offre à la population des fêtes-spectacles de plusieurs jours destinées à faire vivre l'Histoire Sainte devant un public illettré, complétant ainsi l'enseignement des bas-reliefs et des vitraux. En Angleterre, certains spectacles sont pris en charge par les corporations d'artisans[4]. Aux Miracles (vies des Saints) qui sont donnés dans les lieux spécialement dédiés à telle ou telle personnalité du martyrologe, succèdent les « Mystères » dont l'action se déroule entre la gueule de l'enfer et la mansion figurant le paradis. En France, le « théâtre » représente plusieurs lieux juxtaposés et les décors y prennent une place de plus en plus importante. En Angleterre, les tableaux vivants ou pageants peuvent être représentés sur des estrades, portées ou véhiculées à travers la ville, mais il est possible qu'une partie de l'action ait été jouée aussi dans la rue devant les tréteaux qui servaient alors de décor[5].
Les mystères pouvaient être très longs : 30 000, 40 000 voire 60 000 vers. Les personnages étaient au nombre de 100, 200, 500, sans compter les figurants, et une semaine s'écoulait souvent entre les deux parties du même spectacle, qui se tenait le plus souvent dans l'après-midi du dimanche. Les comédiens bénévoles se regroupaient en confréries d'amateurs. Dans telle famille d'artisans, on tenait, de père en fils, le rôle du Christ (ou de Judas) dans le Mystère de la passion.

La représentation des mystères fut interdite en France par arrêté du 18 novembre 1548 du Parlement de Paris. Il nous reste le texte d'environ soixante d'entre eux.
On divise les mystères en trois cycles :

  • Les mystères sacrés : sujets bibliques, tirés de l'Ancien et du Nouveau Testament.
  • Les mystères religieux : tirés pour la plupart des vies de saints, miracles qui ont pris la forme du mystère.
  • Les mystères profanes : ils puisent leur sujet dans l'Histoire.

 

Élisabeth 1ère (1558 - 1603), reine très cultivée et amatrice d'art, protestante modérée, protège le théâtre contre les attaques des protestants puritains qui considèrent le théâtre (qu'ils appelaient " la maison du diable") comme une école du vice et de la débauche. Ainsi en Angleterre, le théâtre est-il très florissant. 
Le drame liturgique est très vite abandonné au profit d'un théâtre profane, beaucoup plus ludique et surtout davantage consacré à l'histoire de l'Angleterre. En effet,  aux histoires sacrées, le public préfère les histoires des rois du passé et des faits divers qui ont marqué leur règne. 
Comme au Moyen-Âge, le théâtre est mobile, on construit des " mansions roulantes" qui se déplacent de ville en ville. On joue sur les places publiques et après le spectacle, on fait la quête : c'est le début du théâtre payant. Puis on décide de rassembler toutes les mansions en seul lieu, dans une cour d'auberge par exemple, et de faire payer l'entrée, dés lors, le peuple le plus démuni est exclu des représentations. C'est à partir de cette idée que va naître le théâtre fixe, appelé "théâtre à ciel ouvert", dés 1575, tels le Rideau, La Fortune, les Blackfriars. Les théâtres étaient construits à l'extérieur de Londres en raison du décret de 1574 qui interdisait toute représentation théâtrale intra muros. Néanmoins, certains réussissent à contourner la loi et on voit se développer des théâtres privés qui s'installent dans des palais.

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Les théâtres étaient construits en bois, tel le Globe, construit en 1594 au bord de la Tamise. Ils sont de forme circulaire ou polygonale ; au centre on trouve un espace vide  C'est dans ce théâtre que la plupart des pièces de Shakespeare furent jouées. Mais en 1613, au cours de la représentation d' Henry VIII, les canonniers chargés de tirer les coups de canon (placés sous le toit) pour saluer le roi, n'ont pas prêté attention aux étincelles et le feu ravagea le théâtre, sans pour autant faire de victimes. Il fut alors reconstruit mais le chaume du toit fut remplacé par des tuiles.  
            Devenu payant, le théâtre est moins démocratique et distingue deux catégories de spectateurs : les plus modestes, ceux du parterre, qui restent debout et les plus aisés qui sont assis dans des loges ou sur des gradins. Les spectateurs entourent les trois côtés de la scène ce qui permet une relation étroite entre les acteurs et les spectateurs.
            Le statut des acteurs évolue, on compte de moins en moins d'acteurs amateurs et de plus en plus d'acteurs professionnels : c'est la naissance des troupes de théâtre convoitées par les grands seigneurs qui jouent en quelque sorte le rôle de mécène, tel Lord Chamberlain qui permit à Shakespeare de fonder la " Lord Chamberlain's Company of actors" en 1594. Seuls les hommes pouvaient être acteurs, aussi les rôles féminins étaient-ils joués par des jeunes hommes ( n'ayant pas encore mué si possible)  travestis en femme. (cf à se sujet le film Shakespeare in love)
            Les spectacles se jouaient en matinée et étaient souvent suivi de numéros d'acrobates.
            Agencement du lieu scénique :
            - l'avant-scène, ou scène en éperon ( the apron stage) où se déroulaient le batailles, les duels et les monologues. Le public, le plus souvent debout entourait ce plateau sur trois côtés.
            - l'arrière scène , fermée par un rideau, où se déroulaient les scènes d'amour et les agonies, c'est là que se situait le tombeau de Juliette. Ce lieu servait aussi de salle du trône.
            - le balcon (upper stage), lieu où se situe la scène nocturne entre Roméo et Juliette (acte II, scène 2)
            - la scène proprement dite (main stage), où se déroulaient toutes les autres scènes, c'est à dire, la plus grande partie.

Les théâtres du Siècle d'or espagnol, appelés « corrales de comedias », ressemblent aux théâtres élisabéthains, de par leur construction, leur organisation et leur disposition scénique.
Le corral de comedias est aménagé dans l’espace clos, rectangulaire et à ciel ouvert de la cour centrale d’un groupe de maisons. La scène est disposée à une extrémité ; des loges et des galeries sur plusieurs étages occupent les trois autres côtés. La scène et les galeries sont protégées par un toit en surplomb. La cour centrale, ou patio, forme un parterre à ciel ouvert.
Le placement des spectateurs dépendait de leur position sociale, mais aussi de leur sexe. Les hommes du peuple se tenaient debout dans le patio. Les femmes devaient s’asseoir dans la « cazuela », une sorte de loge en hauteur, face à la scène. Les fenêtres grillagées et les balcons en étage des édifices attenants servaient de loges réservées aux familles les plus riches. Des sièges en gradins disposés le long des murs, sous ces loges, procuraient des places de catégorie intermédiaire
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Les romains et la renaissance

Le théâtre romain était très proche de l’édifice grec, cependant, celui-ci était complètement fermé et contenait beaucoup plus d’ornement sur le mur de fond.
De cette époque on connaît surtout les travaux de Vitruve, notamment le Ve livre du De Architectura. L'ouvrage sera redécouvert à la Renaissance et inspirera les travaux de Nicola Sabbatini (Pratica di fabricar scene e machine ne' teatri, Ravenne, 1638).